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Kevin Laue n'est pas un basketteur comme les autres. Ce pivot de 18 ans et de 2,10 m n'a qu'une main.
Laue s'est souvent entendu dire qu'il serait en NCAA s'il avait deux mains. Aujourd'hui, il s'avère que la deuxième n'est pas nécessaire, puisque il jouera pour Manhattan College en Division I la saison prochaine.
Quand il l'a engagé, Barry Rohrssen, le coach de Manhattan dit qu'il a pensé à Jim Abbot, l'ancien pitcher des Yankees en MLB, qui a joué près de 10 ans au haut niveau sans main droite.
« Pour toutes les bonnes raisons, Kevin mérite cette chance. C'est quelqu'un qui ne prendra rien pour acquis », confie Rohrssen. « D'une certaine manière, cela donne à Kevin la possibilité d'inspirer beaucoup d'autres dans son cas. »
Lorsqu'il est né, le cordon ombilical de Kevin Laue était enroulé deux fois autour de son cou, avec son bras gauche coincé au milieu. La circulation sanguine du bras était coupée menaçant gravement sa croissance, mais sa position a permis au sang d'irriguer le cerveau.
« Je pense que j'ai eu beaucoup de chance, » dit Laue. « Mon bras m'a sauvé la vie. »
Ses parents ne s'apitoyèrent pas sur leur sort, lui non plus. Ils lui achetèrent des sneakers à lacets, des chemises à boutons, et l'inscrivirent dans la Little League de baseball, où il frappa la petite balle en caoutchouc aussi fort qu'il pouvait.
Quand ses camarades de classe lui demandait pourquoi il lui manquait une main, Laue répondait qu'elle avait été dévorée par un requin pendant qu'il faisait du surf à Hawaï. Et quand sa mère lui disait de se laver les mains avant d'aller manger, il disait que ce n'était pas une option pour lui.
Laue fut viré de l'équipe de basket au collège, mais en arrivant au lycée il mesurait 2,10 m ce qui lui permit d'intégrer celle du lycée d'Amador Valley, en Californie.
« C'était une science de le regarder jouer », dit de lui Rob Collins, son coach au lycée. « Et s'il ratait, comment pouvais-je lui en vouloir ? Il n'a qu'une main ! J'ai de la chance d'avoir pu le coacher. »
Malgré son handicap, Laue était l'un des meilleurs de son équipe, et un très bon contreur.
Après s'être cassé la jambe lors de sa dernière année de lycée et par conséquent échoué à obtenir une bourse pour un programme de Division I, Kevin s'inscrivit à la Fork Union Military Academy. Une école de garçons perdue dans les collines de Virginie. Les élèves y ont les cheveux coupés courts, portent un uniforme complet, et sont réveillés chaque matin au clairon à 6 heures tapantes. Leurs journées comprennent un entraînement à la marche en peloton, les corvées journalières, du travail scolaire et un salut au drapeau au coucher du soleil. Pas de jeux vidéos, de portables ou encore de filles.
Fletcher Arrit, le coach du programme depuis 39 ans, a envoyé plus de 150 joueurs en Division I. Franklin Martin est l'un de ces joueurs. Il est maintenant réalisateur, et avait commencé un documentaire sur Laue en 2007 avant qu'il ne rejoigne Fork Union. C'est lui qui convaincu Arrit d'accepter Kevin Laue dans son équipe.
« Au début je ne voulais pas m'investir, révèle Arrit. J'avais assez de problèmes avec ceux qui avaient deux mains. Mais il a fait un essai avec nous, et tous les joueurs ont dit qu'ils le voulaient dans l'équipe. »
Laue avait une moyenne très honnête de 10 points et 5 rebonds la saison dernière. Il va maintenant avoir l'occasion de s'imposer à Manhattan College, dans un roster où il sera le plus grand joueur, et où les deux meilleurs rebondeurs étaient des seniors.
Kevin se dit heureux de pouvoir inspirer des gens, mais lorsqu'il est sur le parquet, le meilleur compliment qu'on puisse lui faire est d'oublier qu'il n'est pas comme les autres.
Thomas Muller — Basket USA
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